Un corpus médical problématique : les traités attribués à Théophile Protospathaire et la relecture chrétienne des enseignements hippocratiques et galéniques.

Colloque international, Paris, Université de Paris-Sorbonne, Salle des Actes, 27-28 novembre 2014.


Sous le nom d’un Théophile médecin, dit Protospathaire dans une partie importante de la tradition, les manuscrits nous ont conservé une petite dizaine de traités médicaux, souvent en plusieurs livres, qui couvrent divers domaines de la science médicale : anatomo-physiologie (De corporis humani fabrica), sémiologie (De alvi excrementis, De febrium differentia, De pulsibus, De urinis), thérapeutique (Therapeutica, quam ipse ex variis libris valetudinariis collegit, ouvrage encore inédit), gynécologie (Syntomos paradosis), ou encore exégèse des textes hippocratiques (Scholia in Hippocratis Aphorismos).

Une partie de ce corpus a connu une large diffusion et joué un rôle non négligeable dans l’enseignement médical en Occident – plusieurs de ces traités traduits en latin étant entrés dans le recueil de l’Articella, qui regroupait les textes médicaux considérés comme essentiels à la formation du futur médecin et fut, de ce fait, utilisé dans toutes les universités médiévales.

Cependant il reste plusieurs difficultés sur lesquelles ce colloque se propose de revenir. Ainsi, des rapports très étroits apparaissent nettement à l’intérieur d’une partie des traités, en particulier en considération de la réécriture chrétienne que l’auteur opère dans la reprise des enseignements hippocratiques et galéniques : c’est le cas des traités De corporis humani fabrica, De urinis, De pulsibus et Syntomos paradosis. L’étude ponctuelle de la tradition manuscrite relative à ces traités a montré différents degrés de réécriture, en fonction des aires de production des témoins manuscrits et des finalités de leur production (enseignement ou exercice littéraire).
De l’autre côté, pour les autres traités qui ne présentent pas de traces de réécriture chrétienne se pose la question de l’unité d’auteur et de sa datation, toujours discutée entre VIIe et IXe s., aussi bien à partir d’éléments internes aux textes et à leur transmission (variation dans les manuscrits sur le nom de l’auteur ou ses titres) que des rapports de certains traités attribués à Théophile avec la production d’autres auteurs plus ou moins contemporains (un cas emblématique étant offert par les Scholies aux Aphorismes d’Hippocrate et les rapports avec la production du même genre de Stéphane).

Notre colloque se propose de réunir une vingtaine d’intervenants, français, allemands et italiens, philologues, historiens, codicologues, tous spécialistes des traités de Théophile ou des productions médicales strictement liées à ce médecin. Cette rencontre scientifique nous donnera l’occasion de débattre autour de ce corpus et des interrogations qu’il suscite, notamment au sujet des sources, techniques et finalités de la réécriture chrétienne dans le cadre du milieu intellectuel et social de Théophile et des lecteurs/utilisateurs de son œuvre. Nous espérons éclairer également la question de l’unité d’auteur, de la datation des divers traités, du lexique et de la réception de ce corpus.

Le programme définitif est consultable ici.

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